Salle de réception

[Autorisation de Jude et de Nyahm pour m'incruster dans leur Rp]


Je ne le calculais pas très bien, cet espèce d'immense manoir mystérieux, sorti dont ne sait où et, qu'on se le dise, aux allures pas très accueillantes. Si le monde des vivants ne pouvait en somme pas se passer de mon agréable présence, je n'arrivais en revanche pas trop à m'acclimater à cet endroit morbide qu'était Wing Beats. A vrai dire, les circonstances à cause desquelles j'étais décédée étaient vagues et m'obsédaient au point que je m'en sente vraiment mal. Si tant peu que la chose fût possible. C'est vrai quoi, j'étais morte. Et c'était une chose qui me déplaisait fortement. J'avais encore à oeuvrer pour le bien (hum, hum...) de cette terre et des fichus esprits anonymes m'en empêchaient ! Des esprits aux yeux bleus électriques comme ceux du diable. Enfin, c'était ainsi que je me le représentait, Satan. Pas que je ne l'apprécie pas, il était plutôt pas mal dans le genre méchant, mais ce n'était néanmoins pas toujours cool de l'avoir dans son chemin, hélas...

Outre la grille imposante face à laquelle je m'étais retrouvée le jour de mon décès (ou le jour d'un sombre commencement comme je me plaisais à appeler ce moment funeste empreint de sentiments que je ne saurais décrire sans éprouver une once de colère froide, indescriptible), c'était ce gigantesque manoir qui s'était imposé à ma vue. Je me souviens encore comme su c'était la veille de cet instant où je m'étais retrouvée perdue, déroutée à l'instar d'un chien fidèle qu'on aurait lâchement abandonné. Je ne comprennenais pas encore pourquoi et comment j'étais arrivée ici, je ne cherchais même pas à savoir, en réalité. J'étais tout simplement vidée de tout, et j'avais la vague impression qu'on avait pris un malin plaisir à m'arracher mon âme à la petit cuillère. Je voulais juste qu'on me laisse en paix, qu'on m'aide à sortir de cet enfer, de ce cauchemar à peine plausible.

Aussi, cette luxueuse bâtisse avait attiré mon attention et le fait de la trouver m'avait envahit d'un intense sentiment de soulagement. De satisfaction également, parce que j'étais parvenue à me prouver que, malgré tout, j'étais encore un minimum débrouillarde et intelligente. Sans plus réfléchir, (mon cerveau était bien trop endormi pour s'adonner à se genre d'activités !)je m'étais élancée joyeusement - enfin autant que la situation me le permettait - vers l'endroit et y était entrée sans la moindre hésitation.

Je m'étais posée dans un coin de la toute première pièce, une salle de réception probablement, et j'étais restée là, le regard vide et l'âme en peine. Ca a besoin de manger, un mort ? Parce qu'honnêtement, je n'en ai pas ressenti le besoin. J'aurais peut-être dû. Sûrement, même. Mais je ne parvenais pas à me sortir de mon intolérable torpeur. Rien que pour cela, je me faisais honte à moi-même. Il était ridicule de se laisser aller à ce genre de faiblesses...

Si j'avais su que ce serait grâce à deux jeunes femmes que je parviendrait à me "réveiller"...Cela faisait deux ou trois jours, peut-être plus, que j'avais élu domicile ici. Des voix rageuses, puis peu à peu anxieuses m'étaient parvenues. J'avais tourné la tête, quelque peu ébahie de trouver quelqu'un ici, avant de me lever prestement. J'époussetais brièvement mes habits et me passais la main dans les cheveux. Les tissus étaient sales et imbibés de sang, et ma crinière atrocement emmêlée. Lors de mon vivant, j'aurais paniqué à l'idée de paraître négligée, néanmoins, aujourd'hui je m'en fichais éperdument. Et zut hein, j'avais quand même le droit d'être affligée par ma mort !

J'étais sortie de l'ombre pour les observer d'un air interrogatif. J'étais réellement agacée d'avoir été chassée de mon antre par ces deux sottes, quand bien même leur étais-je au fond reconnaissante. J'avais besoin d'aide, mais je ne me l'avouais pas, et surtout, je ne le voulais pas. Du moins le pensais-je. Alors je me braquais bêtement et les fusillais de mon regard caramel.

« Qu’est-ce que vous fichez ici ?! » leur lançais-je.

Du genre, eh, dîtes donc, ne vous a-ton jamais appris à frapper avant d'entrer ? Certes, ce n'étais pas vraiment chez moi, mais quand même. J'avais un minimum de dignité, et je réalisais que j'avais peur. Peur que l'on m'attaque à nouveau. Encore et toujours ce même cauchemar.

Je nageais dans un océan rempli de surprises, là. La vie, c'était comme une boîte de chocolat. Et là, j'étais tombée sur une friandise pas franchement sucrée. Enfin si, mais un peu trop à mon humble goût, au vu de la façon dont me répondirent les deux femmes. La première osa me narguer en me disant que le fait de leur venue ici ne me regardait aucunement, ce qui me fît rougir. Non pas de honte, mais de rage pure. De toute ma vie, jamais personne n'avait ne serait-ce qu'osé poser un tel regard méprisant sur mon corps de rêve...Alors pour qui cette espèce de paysanne attardée se prenait-elle ?! Parce qu'effectivement, son visage me disait quelque chose. Je ne savais plus exactement quoi, tant pis. Cela me reviendrait bien au fil de la conversation. Des idiotes, je n'en fréquentait pas des masses.

Si je m'étais contentée; pour le moment du moins; de lancer un regard glacial à la première qui avait parlé - A mon avis, le silence est la pire des attaques. Surtout lorsqu'on en possède un aussi magnifique et foudroyant que le mien...Enfin bref, - je ne réservais pas le même sort à la deuxième. Celle-là, elle ne me plaisait pas, mais alors pas du tout. Elle me disait carrément de m'en aller pour les laisser là. C'était ridiculement naïf.

« Sérieusement, tu es tellement bête, ça me fait pitié. Pour ta gouverne, je ne laisserait jamais cet endroit à deux pimbêches. Chacun reste à sa place, alors retourne dans tes taudis et fiche moi la paix. » arguais-je.

Bon okay, l'endroit dans lequel elles m'avaient trouvée n'était pas resplendissant non plus, cependant, je vivais autrefois dans des propriétés dont elles n'auraient même pas pu apercevoir la couleur...J'étais trop bien partie pour m'arrêter là. Alors je me décidais à répondre à la blonde. Des souvenirs m'étaient enfin revenus.

« Moi, je fous ce que je veux. Ce n'est pas comme ci tu pouvais me donner des ordres. Et oui, j'ai eu le malheur de te connaître de vue...J'avais 11 ans il me semble et j'étais déjà la reine de Newtown quand tu as lamentablement trépassé, ah ah. » avais-je lancé, un grand sourire ironique aux lèvres.

Je me souviens avoir lu la gazette de Newtown, ou plutôt l'avoir trouvée sur la table de la cuisine. Je commençais à bien savoir lire, et j'avais donc pu comprendre la majorité des mots et des circonstances de la mort de la blondasse décolorée. Honte à moi. Les années ont passé, et pourtant comme au début je restais persuadée qu'il devrait y a voir deux gazettes, une pour les riches et une pour les pauvres. Ceci rendrait la lecture bien plus agréable. Oh, voilà que l'arrogante me demandait de l'eau. Ah tiens, voilà qu'on avait subitement besoin de moi ! Elle pouvait (re)mourir sur place, cela m'aurait bien été égal.

« Oooooh, la pauvre chérie a bobo ? Pfeuh, laisse-moi rire. J'ai autre chose à faire que de t'aider, tu t'en doutes. »

Quand bien même avais-je envie de leur sauter dessus et de les faire partir par la force, je me contentais de répondre le plus adroitement possible. J'avais été correctement élevée, moi, et je ne me comportais pas à l'identique d'une bête de foire. Pour l'instant.