For Lennon's sake... Did i do it ?
Putain, elle ne l'aurait jamais cru, qu'elle se sortirait vivante de cette fuckin' manifestation. Il y avait une telle foule, et puis quand le premier gars avait commencé à frapper, les autres avaient vite suivi...
Mais Jude écarquilla les yeux en s'apercevant qu'elle n'étaiot plus au festival. Elle se tenait devant les plus grandes portes qu'elle eût jamais vu. Deux grands vantaux de fer forgé, ornés d'arabesques prétentieuses et de gravures indéchiffrables que la jeune femme n'aurait de toute façon pas prit la peine de lire.
Toujours vêtue de sa paire de jeans usée et de sa veste de cuir, l'adolescente restait stupéfaite devant l'impossible. Était-ce vrai, ou était-elle en train de planer ? Elle retint un gémissement en remarquant la large tâche violacée qui s'était épanouie sur la peau de son abdomen en tachant de sang frais son chemisier fleuri. Si elle planait, c'était vraiment de la bonne...
Bon sang, ils n'y étaient pas allés de main morte, pendant le festival... Tandis qu'un chanteur au talent fade s'époumonnait pour se faire entendre par-dessus le brouhaha de la foule, une grappe de fauteurs de trouble étaient arrivés en hurlant des slogans contre la guerre du Vietnam, et tout avait basculé. Des coups, des cris, de vaines fuites en direction de la sortie.
La drogue embrouillait encore ses sens, et sa mémoire trouble, enfumée par quelques grammes de marijuana au rabais, ne parvenait pas à faire le point sur les derniers évènements.
Elle renifla ses cheveux encore empreint de cette odeur de rêve artificiel, observa avec attention ses mains blanches sur lesquelles s'étaient écoulées un peu de sang et contempla ses pieds nus, dont les multiples engelures n'avaient pas eu le temps de guérir malgré l'été naissant.
Putain, elle savait bien qu'elle n'aurait pas dû faire confiance à Crawley, il était vraiment trop con, celui-là, avec sa tronche de fouineur et ses mains baladeuses ! Bloody bastard !
Mais Jude n'en faisait qu'à sa tête. Le jour, elle n'était que la banale serveuse d'un vieux bar miteux puant la sueur et l'huile rance, et les habitués la couvaient de regard graveleux en enfournant leur énième pinte. Le juke-box rutilant hurlait toute la journée, jusqu'à lui en donner des acouphènes répétitifs, auxquels elle s'était habituée avec le temps. Jude s'habituait à tout.
Elle avait toujours été transparente, jolie sans l'être vraiment, avec ses traits taillés à la serpe et ses cheveux blancs. Elle était loin d'être une beauté fatale, en opposition formelle avec les pin-up des magasines de son époque. Mais depuis l'adolescence, ses formes attiraient les regards. Des hanches bien formées et une poitrine généreuse ne laissent aucun homme indifférent.
C'était à ce moment que Nate l'avait abordée. Un vrai renard, le Nate. Il savait toujours comment s'en tirer pour laisser les autres assumer ses actes. Dès que les flics se pointaient, il était le premier à filer, son ombre discrète filant le long des murs. Il lui avait roulé sa première galoche, l'avait emmenée à sa première fête, lui avait filé son premier joint, l'avait attirée dans son lit.
Elle savait qu'il jouait, mais elle s'en foutait. Nate n'était qu'un con, et elle, une fille facile. Jude méprisait l'honneur.
Ils passaient des heures ensemble, à fumer des joints dans le grenier de ses parents et à écumer les festivals de hippies. Ils se foutaient du monde en dévorant la vie, ignoraient les lendemains en vivant du présent. En cumulant leurs payes et les montants de quelques forfaits peu glorieux, ils avaient réussi à acheter un van, et vivaient quasiment à l'intérieur. Ils y buvaient, ils y dormaient, ils y faisaient l'amour.
Parfois, Nate lui collait quelques denses, et elle disparaissait quelques temps, histoire de le rendre jaloux en se tapant un ou deux motards. Et puis, elle revenait, et ils oubliaient tout.
Il y avait aussi Crawley. C'était lui qui leur fournissaient tout ce dont ils avaient besoin. Mieux qu'un drugstore, cet imbécile. Bidons d'essence, herbe et bons plans, même si le jeune homme ne leur faisait pas de cadeaux. Tout avait un prix.
Sa blessure la faisait de plus en plus souffrir, signe que la drogue se dissipait, et pourtant les portes ne disparaissaient pas. En effleurant du bout des doigts l'ouverture béante de son ventre, elle sentit un objet dur, enfoncé dans sa chair. Fermant les yeux pour ne pas assister à ce spectacle répugnant, la jeune femme compta mentalement jusqu'à trois, avant de tirer d'un coup sec sur l'objet. Un tesson de bouteille.
Putain, elle avait un tesson de bouteille dans le ventre ! Et si elle était... Pour la première fois depuis une éternité, Jude s'écroula à terre, et se mit à pleurer.
Putain, elle ne l'aurait jamais cru, qu'elle se sortirait vivante de cette fuckin' manifestation. Il y avait une telle foule, et puis quand le premier gars avait commencé à frapper, les autres avaient vite suivi...
Mais Jude écarquilla les yeux en s'apercevant qu'elle n'étaiot plus au festival. Elle se tenait devant les plus grandes portes qu'elle eût jamais vu. Deux grands vantaux de fer forgé, ornés d'arabesques prétentieuses et de gravures indéchiffrables que la jeune femme n'aurait de toute façon pas prit la peine de lire.
Toujours vêtue de sa paire de jeans usée et de sa veste de cuir, l'adolescente restait stupéfaite devant l'impossible. Était-ce vrai, ou était-elle en train de planer ? Elle retint un gémissement en remarquant la large tâche violacée qui s'était épanouie sur la peau de son abdomen en tachant de sang frais son chemisier fleuri. Si elle planait, c'était vraiment de la bonne...
Bon sang, ils n'y étaient pas allés de main morte, pendant le festival... Tandis qu'un chanteur au talent fade s'époumonnait pour se faire entendre par-dessus le brouhaha de la foule, une grappe de fauteurs de trouble étaient arrivés en hurlant des slogans contre la guerre du Vietnam, et tout avait basculé. Des coups, des cris, de vaines fuites en direction de la sortie.
La drogue embrouillait encore ses sens, et sa mémoire trouble, enfumée par quelques grammes de marijuana au rabais, ne parvenait pas à faire le point sur les derniers évènements.
Elle renifla ses cheveux encore empreint de cette odeur de rêve artificiel, observa avec attention ses mains blanches sur lesquelles s'étaient écoulées un peu de sang et contempla ses pieds nus, dont les multiples engelures n'avaient pas eu le temps de guérir malgré l'été naissant.
Putain, elle savait bien qu'elle n'aurait pas dû faire confiance à Crawley, il était vraiment trop con, celui-là, avec sa tronche de fouineur et ses mains baladeuses ! Bloody bastard !
Mais Jude n'en faisait qu'à sa tête. Le jour, elle n'était que la banale serveuse d'un vieux bar miteux puant la sueur et l'huile rance, et les habitués la couvaient de regard graveleux en enfournant leur énième pinte. Le juke-box rutilant hurlait toute la journée, jusqu'à lui en donner des acouphènes répétitifs, auxquels elle s'était habituée avec le temps. Jude s'habituait à tout.
Elle avait toujours été transparente, jolie sans l'être vraiment, avec ses traits taillés à la serpe et ses cheveux blancs. Elle était loin d'être une beauté fatale, en opposition formelle avec les pin-up des magasines de son époque. Mais depuis l'adolescence, ses formes attiraient les regards. Des hanches bien formées et une poitrine généreuse ne laissent aucun homme indifférent.
C'était à ce moment que Nate l'avait abordée. Un vrai renard, le Nate. Il savait toujours comment s'en tirer pour laisser les autres assumer ses actes. Dès que les flics se pointaient, il était le premier à filer, son ombre discrète filant le long des murs. Il lui avait roulé sa première galoche, l'avait emmenée à sa première fête, lui avait filé son premier joint, l'avait attirée dans son lit.
Elle savait qu'il jouait, mais elle s'en foutait. Nate n'était qu'un con, et elle, une fille facile. Jude méprisait l'honneur.
Ils passaient des heures ensemble, à fumer des joints dans le grenier de ses parents et à écumer les festivals de hippies. Ils se foutaient du monde en dévorant la vie, ignoraient les lendemains en vivant du présent. En cumulant leurs payes et les montants de quelques forfaits peu glorieux, ils avaient réussi à acheter un van, et vivaient quasiment à l'intérieur. Ils y buvaient, ils y dormaient, ils y faisaient l'amour.
Parfois, Nate lui collait quelques denses, et elle disparaissait quelques temps, histoire de le rendre jaloux en se tapant un ou deux motards. Et puis, elle revenait, et ils oubliaient tout.
Il y avait aussi Crawley. C'était lui qui leur fournissaient tout ce dont ils avaient besoin. Mieux qu'un drugstore, cet imbécile. Bidons d'essence, herbe et bons plans, même si le jeune homme ne leur faisait pas de cadeaux. Tout avait un prix.
Sa blessure la faisait de plus en plus souffrir, signe que la drogue se dissipait, et pourtant les portes ne disparaissaient pas. En effleurant du bout des doigts l'ouverture béante de son ventre, elle sentit un objet dur, enfoncé dans sa chair. Fermant les yeux pour ne pas assister à ce spectacle répugnant, la jeune femme compta mentalement jusqu'à trois, avant de tirer d'un coup sec sur l'objet. Un tesson de bouteille.
Putain, elle avait un tesson de bouteille dans le ventre ! Et si elle était... Pour la première fois depuis une éternité, Jude s'écroula à terre, et se mit à pleurer.
Dernière édition par Jude le Sam 25 Mai - 11:56, édité 8 fois