Look at the blood we're spilling.
PV Evalia Thirlwall
« Mais non t'inquiètes, c'pas un petit coup de couteau qui va m'tuer mec ... Enfin je t'aime quand même, au cas où. Et arrêtes de chialer tu me fais chialer aussi.» Et merde. Il faisait noir d'un coup. Genre beaucoup trop. J'avais dû tomber dans les pommes comme une merde, je voyais que ça. Bon c'était rien, je me réveillerai plus tard dans un lit d'hosto qui pue avec Charlie à mes côtés, les yeux trop rouges d'avoir pleuré. Ce sale enculé m'avait fait chialer aussi à paniquer comme ça, j'allais pas crever pour si peu quand même ! Du moins j'espérais ... J'avais encore tant de choses à faire, avec lui. Comme me barrer de cette ville pourrie et partir loin, en Amérique. On voulait se faire un road trip de malade et vivre au jour le jour. D'amour et d'eau fraîche vous voyez, c'était pas trop mignon ça ? Ouais si ça l'était, même si c'était une histoire de tafioles. Je sais même pas si je suis pédé ou pas en fait, je sais juste une chose : Lui je l'aime. Juste lui. Et je commençais sincèrement à vouloir ouvrir les yeux pour le revoir, parce que ce foutu noir était vraiment trop oppressant. Je maîtrisais pas cette obscurité, ça commençait à m'effrayer. Il m'arrivait quoi ? On était pas juste supposé s'endormir et se réveiller en ayant l'impression qu'on venait juste de fermer les yeux ? Comme quand on s'endort la nuit ? J'commençais vraiment à douter et à flipper. Je voulais le revoir, maintenant. Et j'ouvrais les yeux. Au début j'étais heureux, une fraction de secondes seulement. Parce que Charlie était pas là en fait, j'étais pas dans un lit d’hôpital et j'étais juste ... Seul. Affreusement seul. Et j'avais froid. Je comprenais pas où j'étais, c'était vraiment bizarre. C'était une sorte de pièce étrange, une sorte de salon où le strict minimum avait été installé. Tout était froid et triste. J'aimais pas cette blague ; parce que ça pouvait être qu'une blague, hein ? « Charlie ?! Hey t'es là ? Elle est pas drôle cette blague !» Mais personne répondait, j'étais définitivement seul. Seul et perdu dans un endroit plus que bizarre qui commençait doucement mais surement à me terroriser. L'idée que je puisse être mort m’effleura, mais je préférais l'oublier. Nan je devais juste être dans une drôle de chambre, peut-être que j'étais tombé dans le coma des années et que tout avait changé autour de moi. Hey c'était possible après tout ! Et c'était encore moins flippant que le fait d'être mort. Je sortais de la pièce - Y'avait une porte et elle était pas fermée. Au moins j'étais pas prisonnier, c'était déjà ça. Je traversais un couloir, plaf, une autre porte. Je l'ouvrais, c'était encore un autre foutu couloir. Je commençais à m’énerver, paniquer aussi. Je n'avais aucun contrôle sur ce qui allait se passer et j'étais totalement perdu. Mon esprit avait beaucoup de mal à suivre. C'était quoi ce bordel franchement ?! Je longeais le couloir, puis passais une porte. Nouveau couloir, autre porte. J'avais l'impression que ça n'allait jamais se terminer. Et puis finalement, j'ouvrais encore une autre porte, la dernière. Et je me retrouvais dehors.
A ce stade, j'avais encore de l'espoir.
J'avançais du coup, c'était toujours foutrement étrange. C'était beau hein, mais ça semblait faux. Je devais rêver en fait. Pourquoi j'y avais pas pensé avant ? Ça pouvait être qu'un rêve cette histoire, c'était trop bizarre pour être vrai. Et puis il y avait cette drôle de sensation de quand on rêve, cette sensation légère d’étouffement doux et de sérénité. Et puis je me sentais bien, j'avais plus mal nul part. Plus mal là où le mec m'avait enfoncé sa lame. J'avais presque oublié en fait, comment j'avais pu oublier ? J'avais eu si mal pourtant, si peur. Mais là je ressentais plus rien, j'avais plus rien même. Plus de sang, plus de marque, plus de douleur. Ce rêve était pas si mal. Même s'il semblait encore trop réel pour être un rêve comme d'habitude.
J'avançais encore et toujours. Tout me semblait de plus en plus vrai. Et puis je voyais quelqu'un, une fille. Merde, qu'est ce qu'elle faisait là. Je lui criais un truc, je voulais savoir. « Toi là-bas ! T'es qui ?!» J'avais déjà eu plus de tact, mais c'était sorti tout seul. Je voulais qu'on m'explique ce qu'elle faisait là, parce que je la connaissais pas. Ça devait pas être un rêve en fait, c'était pas possible. Je pouvais pas rêver d'une fille que j'avais jamais vu.
Mais on était où alors ?