Avis de décès
À l'attention de Maggie Mae
Nom complet : Charles Edgar HOPEFIELD
Âge : 78 ans
Activité professionnelle : Ancien industriel, retraité
Epoque : 1935-2013
Date de mort : 27 mars 2013
Relations à contacter :
- Mrs Vivian BERGSON née HOPEFIELD (fille _ 44 ans)
- Mrs Ann FENCH née HOPEFIELD (sœur _ 75 ans)
- Mr Hugh HOPEFIELD (frère _ 72 ans)
- Divers médecins.
Passé :
Charles Hopefield n'eut pas une vie hors du commun. Né dans une famille plutôt aisée, il put vivre dans un certain confort. Son père, industriel de renom, s'enrichit durant la Seconde Guerre mondiale, disposant rapidement d'une assez jolie somme dont ses trois enfants héritèrent à sa mort. L'aîné, Charles, reprit l'entreprise de son père en 1972, mais les chocs pétroliers de 1973 et 1979 l'obligèrent à mettre la clé sous la porte. Poussé par son amour de jeunesse et épouse Rose, il créa en 1984 une nouvelle usine de production de machines à écrire. Son travail acharné porta vite ses fruits, aussi Charles put-il jouir d'une confortable retraite à la veille des années 2000.
Il décida de s'installer à Newton avec sa femme en 1999 et mena une vie qui eût été heureuse si son épouse n'avait pas été victime d'un accident vasculaire cérébral qui lui fut fatal. Charles se retrouva veuf et esseulé le 28 mars 2001.
C'est à ce moment-là qu'Ann et Hugh, sa sœur et son frère cadets, reprirent réellement contact avec Charles dont l'unique fille, Vivian, tâcha de s'occuper tant bien que mal entre sa vie en Angleterre et ses aventures amoureuses à l'étranger.
Description physique :
Mr Hopefield est un vieil homme au visage marqué. Une multitude de rides sillonnent ses joues, son front, le contour de ses yeux olive. Ses cheveux, sa barbe, sa moustache et ses épais sourcils sont comme ceux d'un homme de 78 ans : gris, blancs, çà et là argentés. Il est d'une corpulence assez imposante, bien qu'il soit plus massif que gros.
Sa démarche se fait lente et légèrement boitillante, l'une de ses jambes étant plus courte que l'autre. Il se déplace toujours avec une élégante canne à pommeau dont il se sert à contrecœur.
Sa tenue reflète son état d'esprit. Lorsqu'il se porte aussi bien que possible, Charles est vêtu avec goût, sans jamais être ostentatoire. A l'inverse, lors des périodes plus sombres, il se fiche éperdument de son allure.
Mœurs :
Peu bavard, Hopefield n'est pas du genre à se confier. Seule sa femme le connaissait par cœur... Depuis son décès, il a beaucoup souffert de la solitude, mais paradoxalement s'est refusé à chercher la compagnie des autres habitants de Newton. Ayant peu d'amis, il ne compte pour interlocuteurs que Vivian, Ann, Hugh et ses divers médecins.
Il a néanmoins très bon cœur et cache derrière son air renfrogné un homme plutôt sage et généreux. Il s'est découvert une passion pour la lecture peu de temps avant son installation à Newton ; il n'avait jusqu'alors lu que très peu d'ouvrages littéraires, mais son retard a vite été comblé.
Hopefield n'a jamais refusé sa vieillesse ; aussi longtemps qu'il resterait aux côtés de Rose, il serait heureux. Mais jadis organisé – tout bon patron se devant de l'être – il est devenu assez impulsif dans sa façon d'agir lorsque son épouse disparut.
Description de la mort :
Hopefield avait fini son souper depuis une dizaine de minutes lorsqu'il se leva de table. Il n'était sorti de chez lui que pour aller au marché, aussi n'éprouvait-il aucune fatigue. A vrai dire, il sentait une boule dans son estomac qui le maintenait éveillé depuis quelques jours. Demain serait le 28 mars. Demain, cela ferait douze ans que Rose avait fermé les yeux. Il irait déposer une belle gerbe de fleurs dont il s'imaginait déjà le parfum enivrant. Il pourrait lui parler ; comme chaque année, il avait l'espoir d'obtenir une réponse.
Le vieil homme débarrassa la table, fit la vaisselle avec lenteur, la sécha et la rangea. Il se dirigea vers sa chambre, ouvrit la massive armoire en bois et tendit le bras pour attraper son costume pour le lendemain, pendu à un cintre et encore enveloppé d'un film plastique ; il l'avait récupéré au pressing la veille. Le retraité posa ses affaires sur une chaise avant de partir faire sa toilette.
Quand il revint, il était en pyjama, prêt à se coucher. Il gagna son lit et se glissa sous les couvertures froides. Il ne prit pas la peine de régler la sonnerie ; il ouvrirait les yeux de lui-même, ainsi qu'il l'avait toujours fait.
Mais il ignorait qu'il s'endormirait pour ne plus jamais se réveiller.
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